L’écrivain Hors commerce, qu’il soit partisan de l’art pour l’art et donc d’une relative irresponsabilité ou qu’il soit porté à l’engagement, n’a-t-il pas, curieusement, de par sa position spécifique, un rôle particulier à jouer ? Bien sûr, il n’a pas plus de crédit auprès des éditeurs qu’un chien à la boucherie. Mais, il n’appartient pas inéluctablement à la race des ratés, phrasiers, grimauds, cacographes et autres gâte-papier. Cependant, il ne doit pas tenter de se débredouiller de sa non-valeur commerciale en s’autoproclamant génial.
J’ai esquissé, ici et autre part, quelques controverses d’ordres esthétique et moral, une réflexion sur une dialectique entre moralité et littérarité ainsi que sur un certain code de l’honneur en littérature. Tout au long de ma vie, quand cela m’a paru indispensable pour sauvegarder la dignité de l’homme, j’ai engagé ma responsabilité d’écrivain, quitte à nager à contre-courant.
Ai-je, même très obscurément, bien servi les lettres françaises ? En tout cas, je crois ne pas m’être résigné à perroqueter en gobe-mouches. Je n’ai pas baissé les bras. Peut-être, au cours de ma discrète et déjà longue activité littéraire, n’ai-je parfois réussi qu’à jouailler, à composer des machinettes et à bibeloter des quasi-riens, même si j’ai, à l’occasion, brilloté quelque peu ? J’espère malgré tout avoir ici dépassé les anecdotes et le témoignage furtif sur une époque.
Je m’adresse d’abord aux écrivains, poètes et artistes de toutes disciplines qui font passer leur art avant un quelconque souci de rentabilité, au risque de vivre avec parcimonie, de s’abîmer par ailleurs dans une besogne abalourdissante ou encore de mener une vie d’ermite en réduisant les contacts. Qu’un maximum de ces créateurs, qui se soucient de picaillons comme des poissons de pommes, puissent trouver un équilibre et une véritable dignité serait ma récompense.
ISBN : 978-2-84668-407-1 - Format 14 x 22,5 - 336 pages - 27 €