Parution le 15 juin 2024
Bâtisseur périgourdin du XIXe
Ingénieur, papetier, photographe
Par François Baudez, Noëlle Duvernois et Patrick Spinosa
Préface d'Isabelle Hyvoz
Né en 1838 à Sorges et descendant d’une famille de papetiers, Ludovic Gaillard part en 1851 faire des études au nouveau Lycée de Périgueux, dans la section industrielle. Au terme de ces trois années, il rejoint à quinze ans les Ponts-et-Chaussée de la Dordogne en tant qu’assistant du chef de travaux. Maîtrisant les nouveaux outils – théodolites, calculs logarithmiques, trigonométrie – on lui confie le percement du tunnel de Thiviers, le premier en pente et en courbe, ce qui lui vaut la reconnaissance de la profession.
En 1858, il accepte d’être chef de travaux pour la traversée des Pyrénées sur la ligne d’Irun à Madrid. La société Ernest Goüin & Cie reprend la direction des travaux en 1862 qui seront inaugurés en avril 1864. Ludovic Gaillard reste alors à la Compagnie qui réalise la totalité des opérations pour la société Paris-Orléans et dirige de nombreux ouvrages dans le Sud-Ouest, notamment la finalisation des lignes de Périgueux à Tulle et de Poitiers à Royan. Il impose une méthode de travail innovante avec le développement de la préparation des travaux en amont (ancêtre des bureaux d’études), le suivi du chantier, qui vont faire de la compagnie Ernest Goüin & Cie le fleuron du BTP et la première entreprise mondiale avec des réalisations prestigieuses sur les cinq continents.
En 1885, il entre au Conseil d’administration de la nouvelle Société des Batignolles qu’a créé Ernest Goüin, et poursuit l’expansion du groupe avec des chantiers légendaires : lignes d’Hanoï à Pékin, de Beyrouth à Damas, en Turquie, Algérie, Tunisie, Égypte, Afrique… sans négliger la France. Il quittera ce poste en 1905 tout en restant un ingénieur conseil très prisé.
Grâce à ses revenus considérables il investit et transforme les moulins à papier en papeteries modernes : La Brugère, célèbre pour avoir fourni le papier vergé de la première édition des Essais de Montaigne en 1580, les Castilloux, toutes deux près de Thiviers, et Blanzat en Auvergne.
Saint-simonien, il fonde une caisse de retraite pour ses salariés, développe des maisons ouvrières, des écoles et des coopératives. Au total, 600 ouvriers sur trois sites travaillent pour son entreprise où lui succéderont ses deux fils. Fidèle à son pays de cocagne, membre actif de la Chambre de Commerce de Périgueux, il participe au rayonnement et au développement économique de sa région.
Féru d’art, photographe éclairé, il fait don à la ville de Périgueux du Palais des Beaux-Arts. Il décède en 1910. Par ses multiples contributions et réalisations, Ludovic Gaillard, bâtisseur moderne et visionnaire, a permis de raccourcir les distances et de rapprocher les hommes. Deux de ses ouvrages emblématiques sont classées au Patrimoine mondial de l’Humanité : le pont de la Trinité à Saint-Pétersbourg et le chemin de fer du Yunnan.
ISBN : 978-25-84668-731-7 – Format 20 x 26 cm – 120 pages couleurs – 22 €